Pourquoi contrôler nos pensées

est une erreur

Pourquoi

contrôler nos pensées

est une erreur

La plupart des gens vivent le travail comme une corvée (notamment les enfants) alors je leur propose des habitudes simples et personnalisées qui les aident à être plus productifs, plus efficaces et plus épanouis.
En m’intéressant au développement personnel, j’ai compris l’intérêt de maitriser mes pensées. Avoir des pensées positives permet d’être positif donc heureux.
Mais, en m’aventurant dans la spiritualité, je me suis retrouvé avec cette question : Qui dit qu’une pensée est positive ou négative ?

 

Le mental ou l’ego

J’aime simplifier la définition de l’ego par notre subjectivité. La raison pour laquelle nous n’avons pas tous la même réaction dans une situation donnée est que nous ne la vivons pas de la même façon. Nous avons une multitude de filtres, créés grâce à nos expériences passées, qui influencent notre ressenti, nos réactions et nos pensées.

 

La subjectivité amène la subjectivité.
Jusqu’ici, il n’y a pas de problème. Malheureusement, nous tournons cette subjectivité vers nous-mêmes et devenons la victime de notre mental. Par exemple, si dans l’enfance j’ai été traumatisé dans une piscine, j’associera toute étendue d’eau à des émotions et pensées négatives. Ce qui est normal car le souvenir de mon enfance réapparaît. Mais je refuse de revivre cette expérience désagréable alors je me bats contre moi-même et pense devoir me contrôler. La peur de l’eau devient la culpabilité ou la colère d’avoir encore peur puis la frustration de ne pas réussir à dépasser tout ça.
Il y a un piège dans l’exemple précédent. Nous sommes censés parler des pensées mais ce qui dérange dans l’anecdote est une liste d’émotions.

 

Nous pensons devoir contrôler nos pensées car nous refusons les pensées négatives. Or, une pensée est négative car elle suscite des émotions négatives. Or, ces émotions sont définies négatives par notre ego. Pourquoi la colère serait-elle moins saine que la joie? Mon ego me dit que la colère est négative donc je dois refuser toute pensée qui fait naître de la colère en moi. Pourtant, que la colère soit négative, c’est aussi une pensée..

 

D’où viennent les pensées?

Avant d’aller plus loin, je pense intéressant de s’arrêter sur cette question.
Nous connaissons tous ces pensées intrusives qui nous malmènent sans aucune gêne. D’où viennent-elles? Créons-nous vraiment nos pensées?

 

Une vérité qui soulage, sans être complète, est que nous recevons la majorité de nos pensées car elles viennent de notre inconscient. Ce dernier associe des perceptions extérieures (vue, odorat,…) et des perceptions intérieures (émotions, pensées,…). Ressentir de la peur inspire des pensées inspirant la peur comme voir une piscine inspire la peur et des souvenirs (donc des pensées) effrayants.

 

Il serait prétentieux de déclarer connaître le fonctionnement complet et les limites de l’inconscient. Après tout, il s’agit d’un processus qui échappe à notre conscience. Tout ce que nous vivons et expérimentons, y compris cet article, nous aide à mieux comprendre la relation que nous avons avec notre inconscient.
Ainsi, quand nous parlons de l’ego, nous parlons des associations (subjectives) créées dans notre inconscient. Et comme nous le verrons, contrôler nos pensées n’est pas la meilleure façon d’optimiser ces associations.

 

Contrôler ou sortir de l’ego

Contrôler nos pensées revient à dominer notre ego. Être objectif revient à sortir de l’ego. Pour être heureux voire atteindre l’illumination, il suffirait alors de chercher une méthode permettant de dominer notre ego en optimisant en continu notre subjectivité ou de carrément être objectif.
L’absurdité d’un tel raisonnement se résume à cette question :
Qui juge le travail fini?
Se lancer dans une telle bataille sous-entend qu’un jour nous serons débarrassés du mental ou, du moins, libérés des pensées négatives. Mais c’est notre ego qui nous permet de juger. C’est lui qui nous pousse à le combattre puis vient analyser le résultat.

 

Après avoir lu sur la maitrise des pensées et surtout après avoir appliqué les méthodes, je ne me suis pas senti changé. J’étais différent dans la forme, pas dans le fond. Un peu comme de l’eau dans une bouteille qui devient de la glace mais reste dans la bouteille.
La spiritualité et certains auteurs comme Eckhart Tolle m’ont poussé à m’interroger sur mon ego, notamment ma relation avec lui. Puisqu’il fait partie de moi, puis-je vraiment m’en débarrasser? Le combattre revient à me combattre donc puis-je vraiment sortir gagnant d’une lutte avec moi-même?
De lectures en lectures, de méditations en méditations, j’ai essayé de dépasser mon ego. Sans succès. Jusqu’à ce que je m’intéresse à l’histoire du Bouddha que je partage plus bas.
 

Les croyances limitantes

Une croyance est une pensée répétée mentalement et émotionnellement au point d’être naturelle. Une pensée n’est ni limitante ou puissante, elle est juste étrangère ou naturelle.

 

Comme il m’est étranger de me penser nul en Maths, il est naturel pour certains de mes élèves de le penser. Pourquoi? Nous alimentons cette pensée avec des émotions différentes, créant ainsi des associations inconscientes différentes. Devant un exo de Maths, je me sens naturellement à l’aise quand ils se sentent naturellement stressés.
De plus, s’il m’arrive de stresser, je n’en fais pas un problème ou un obstacle. Dans mon article sur la concentration et celui sur l’acceptation, j’explique justement que le problème n’est pas le stress mais le fait que nous refusons de manière catégorique l’existence du stress au point de lutter avec lui. Or, le stress faisant partie de nous, cela revient à lutter avec nous-même.
Ainsi, de manière générale, le problème n’est pas nos croyances mais le fait que nous luttions avec elles et donc nous-mêmes. Si nous arrêtons d’en faire un problème, si nous arrivons à être heureux malgré leur existence, sont-elles encore limitantes?

 

Reprogrammer le subconscient?

Des personnes de cultures différentes auront des approches différentes du bonheur, du succès, de la santé et de l’amour. Les émotions seront les mêmes mais les pensées et les conditions associées seront différentes.
C’est ici que prend sens l’influence de l’environnement.

 

Dans une société capitaliste, la liberté est liée à l’argent car le manque d’argent limite les possibilités. Mais, la liberté est la liberté. Elle évoque les mêmes sensations/émotions pour tous. À certains elle inspirera l’accumulation d’argent, à d’autres elle inspirera un changement de société. C’est pour cela que certaines personnes ayant « réussi » financièrement finissent par tout plaquer pour vivre dans une société où le capitalisme est moins présent.

 

Quand nous visualisons, nous le faisons depuis qui nous sommes maintenant avec notre lot d’associations inconscientes. Quand je me détends, je m’imagine naturellement à la plage, dans mon lit ou dans mon hamac. Je ne m’imagine pas dans un igloo. Ce n’est pas naturel. Et si je veux changer ma vie et vivre dans un igloo? Dois-je reprogrammer mon subconscient et m’imaginer naturellement dans un igloo?
Malheureusement, nous sommes bien plus portés sur les changements extérieurs que sur les changements intérieurs. Être heureux ne nous suffit pas. Nous sommes prêts à sacrifier notre bien-être actuel pour atteindre un objectif demain. C’est pour cette raison que nous cherchons à manipuler (hacker) notre cerveau avec des messages subliminaux, par exemple. Et, paradoxalement, c’est cette façon de procéder qui rend les choses plus complexes.

 

Le Dr Joseph Murphy conseille de répéter le mot «succès» pour atteindre le succès. En fait, il conseille surtout de ressentir ce qu’on associe à ce mot. Quel est notre concept du succès? Que pensons-nous ressentir une fois avoir atteint le succès? Le mot n’a pas d’influence sur notre subconscient. Se sentir accompli, fier ou comblé dirige notre attention et notre subconscient vers toutes les associations inconscientes liées à ces sensations. Répéter ce processus permet de rendre naturelle l’expérience du succès.
Nos expériences conscientes créent des associations inconscientes (ou subconscientes). Le plus important n’est pas notre subconscient ou nos croyances (limitantes) mais ce qu’on ressent maintenant.

 

Le Bouddha et l’attachement

Le terme « Bouddha » est un qualificatif et non le prénom d’une personne. Évidemment, l’histoire populaire traite d’un individu en particulier qui s’est intéressé à la souffrance.
Pour résumer, peu importe ce qu’il essayait pour se débarrasser de la souffrance, elle continuait d’exister. Méditer de longues heures permettait juste de l’ignorer. Souffrir pour ne plus souffrir n’aidait pas (jeûner, boire son urine, etc.). Même vivre dans l’opulence n’arrivait pas à empêcher la souffrance de revenir.

 

En m’intéressant à la méditation, l’un des premiers conseils que j’ai trouvés est de me concentrer sur ma respiration. Quelle erreur.. Au lieu de lire davantage, je me suis contenté de suivre l’instruction au pied de la lettre sans comprendre le réel objectif. Je me forçais à fermer mon esprit, à ignorer les distractions et surtout à m’attacher à ce que je croyais être la méditation.

 

Une célèbre citation du Bouddha est : La racine de la souffrance est l’attachement.
Après une bonne journée bien remplie, je me sens vidé de toute énergie et surtout je me sens bien. Une fois dans mon lit, je me détends naturellement. Cependant, les autres jours, quand j’essaie de me détendre car j’en ressens le besoin, je n’y arrive pas. En fait, je n’essaie pas vraiment de me détendre, je tente de correspondre à l’idée (la pensée) que j’ai de la détente. Je suis attaché à un concept de la détente et si je ne corresponds parfaitement à ce que je pense/crois être détendu, je souffre.

 

Découvrir l’histoire du Bouddha m’a permis de m’intéresser davantage à l’attachement que j’avais concernant des concepts qu’à ces concepts eux-mêmes.
Par exemple, au lieu de vouloir plus d’argent pour me sentir plus satisfait, fier ou libre, je me demandais pourquoi je m’attachais à cette association. Pourquoi je m’obligeais à attendre d’avoir plus pour me sentir plus.
Comprendre que le problème réside dans l’attachement m’a offert la liberté de ressentir ce que je souhaite ressentir indépendamment dans ce que je vis ou pense.

 

Ressentir avant de penser

Les émotions dirigent notre attention vers certaines associations inconscientes et pensées. Ok. Mais quand ces pensées débarquent, que faisons-nous?
Nous concentrer (sur ces pensées) crée une tension puis un attachement. Nous finissons par délaisser l’émotion de départ pour nous perdre dans un flow de pensées qui, par associations, font naître à leur tour des émotions.

 

Par exemple, je me sens bien alors je m’imagine allongé près d’une piscine dans une villa. Ce serait magnifique, n’est-ce pas? Comment serait cette villa? Hmm je l’imagine comme ça. D’ailleurs, ce serait dans quelle ville? Et mais il y a peut-être des offres sur internet.. Haaa mais ça doit être cher! Et puis je n’ai pas d’argent.. Ho! J’ai une facture que je n’ai pas encore payée en plus! Noooooooooon!
Si j’avais laissé la pensée de départ faire son chemin, donc sans m’y attacher, j’aurais pu continuer à me détendre dans cette émotion agréable. Évidemment, s’attacher à une émotion n’est pas une solution. S’attacher à la satisfaction par exemple revient à se forcer à être satisfait au lieu de simplement l’être.

 

La meilleure façon de faire durer une émotion est de se détendre et de ressentir comme un soulagement à chaque fois qu’on se sent quitter l’émotion. C’est aussi de cette façon que nous invitons l’inspiration, cette pensée qui nous emballe et nous donne envie d’agir maintenant, avec le sourire. Je traite cette idée dans mon article sur la concentration.

 

Mon expérience

L’expérience qui me prouve la pertinence de cet article est l’impression de déjà-vu que j’ai en lisant des livres sur la neuroscience ou le Tao. Tous les auteurs semblent parler de la même chose mais utilisent des mots différents.
La même destination, des itinéraires différents.
Aujourd’hui encore, malgré mon impression d’avoir compris la théorie, il m’arrive d’être agréablement surpris devant une nouvelle explication. C’est d’ailleurs cette abondance de pensées, raisonnements, discours qui m’inspire la liberté d’offrir ma propre explication au lieu de simplement diriger mon entourage vers des livres.

 

Mes pensées ne sont plus un problème, sauf quand je m’attache à elles et il m’arrive encore de le faire. Me détendre me permet de lâcher prise concernant l’attachement et de me sentir bien maintenant. Si j’arrive à me sentir bien malgré l’existence de cette pensée alors pourquoi la définir comme négative et la combattre?

 

Oui mais.. et nos objectifs?

Évidemment, vivant dans une société basée sur l’action et le progrès constant, nous restons attachés à nos objectifs extérieurs. Nous avons du mal à simplement nous sentir bien maintenant. Nous avons encore cette question : Oui mais je fais quoi après?

 

Nous voulons savoir quoi faire car nous avons peur.
Nous avons peur d’échouer, de rater notre vie, de stagner, etc. Cette peur inspire la quête de solutions, de techniques, de formations, d’outils, de secrets. C’est un voyage sans fin car nous essayons de fuir ou combattre cette peur avec des résultats extérieurs au lieu de simplement accepter son existence, nous détendre et laisser une autre émotion inspirer autre chose.

 

Inversement, nous sentir en sécurité ou confiants inspire parfois de faire.. rien. Puisque nous pensons avoir des obligations que nous pensons devoir satisfaire nous-mêmes maintenant, nous pensons que c’est une erreur de ne rien faire. En fait, nous sommes simplement attachés à ce qui nous est transmis depuis l’enfance.
À l’école par exemple, il n’est pas jugé normal qu’un enfant soit satisfait avec 03/20 de moyenne. Il doit se bouger et progresser. Il doit se fixer des objectifs et tout faire pour les atteindre, même s’il doit être malheureux un certain temps.
Paradoxalement, ceux qu’on qualifie de surdoués ne sont pas motivés par des objectifs. Ils prennent du plaisir et ça leur suffit. Comme je le répète à chaque famille : Les bonnes notes sont des conséquences et non des objectifs. Un enfant qui prend du plaisir à apprendre progressera naturellement. Il suffit ensuite de lui donner accès à des outils ou méthodes qui facilitent son apprentissage.

 

Tout discours commençant par « il faut » ou « on doit » est un concept mental qui alimente un attachement. Les émotions « positives » inspirent et donnent envie de. Les émotions « négatives » inspirent des obligations et des contraintes.

 

En résumé :

Les émotions fixent la destination et donnent l’énergie d’avancer. Les pensées ne servent qu’à définir l’itinéraire. Si on se force à suivre un itinéraire qui ne correspond pas à l’émotion du moment, on manque d’énergie. Inversement, quand nous restons dans l’émotion, les pensées les plus compatibles apparaissent, nous avons l’itinéraire le plus pertinent et l’énergie pour l’emprunter.
Le plus important n’est donc pas de contrôler chaque pensée mais de comprendre nos émotions et de se sentir bien sans s’attacher à une sensation ou pensée.

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